Le gouvernement malgache a récemment adopté un décret instaurant la castration chirurgicale pour les personnes reconnues coupables de viol sur mineurs, marquant ainsi une étape significative dans la réforme du système pénal du pays. Cette mesure, approuvée cette semaine, s’accompagne de plusieurs modifications du Code pénal et reflète une volonté d’enrayer les crimes sexuels qui secouent Madagascar. La loi, qui avait été adoptée en février, a reçu le soutien d’une grande partie de la population, qui voit en cette initiative un moyen efficace de lutter contre les violences sexuelles faites aux mineurs. Cependant, elle suscite des critiques au niveau international. Des organisations comme Amnesty International, représentée par Tigere Chagutah, dénoncent la castration chirurgicale comme un « traitement cruel » qui violerait les droits humains fondamentaux. De même, Isabelle Delattre Burger, ancienne ambassadrice de l’Union européenne à Madagascar, avait été contrainte de quitter son poste après avoir qualifié la castration de « traitement inhumain ». Selon L’Express de Madagascar, seuls les articles 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9 (alinéa 2), 10 et 11 de la nouvelle loi ont été jugés conformes à la Constitution par l’institution d’Ambohidahy, tandis que les articles 6 et 9 (alinéa 1) ont été jugés non conformes. Ainsi, le décret d’application ne concerne que les articles validés. Contrairement à la castration chimique, qui a été déclarée anticonstitutionnelle, la castration chirurgicale sera désormais appliquée à certains violeurs de mineurs. Le président Andry Rajoelina, à l’initiative de cette réforme, souligne que cette mesure vise à dissuader les actes de viol, prévenir la récidive et protéger les victimes. Ce choix de la castration chirurgicale, plutôt que chimique, soulève cependant des questions sur la proportionnalité de la peine et son respect des droits humains. Bien que certains pays, comme la Pologne et la République Tchèque, autorisent la castration chimique sous conditions spécifiques, Madagascar devient l’un des rares pays à adopter une version chirurgicale de cette peine. Cette décision met en lumière un débat mondial complexe sur l’efficacité, l’éthique et la légalité de telles pratiques, notamment dans un contexte où la communauté internationale continue de plaider pour des réponses pénales qui respectent la dignité humaine.
Alfred ZORO-BI