GUINÉE : LES PREMIERS CHARGEMENTS DE MINERAI DE FER DE SIMANDOU EN ROUTE VERS LA CHINE, UN TOURNANT HISTORIQUE POUR L’INDUSTRIE MINIÈRE

La Guinée vient de franchir une étape majeure dans l’exploitation du gisement de Simandou, l’un des plus importants projets miniers au monde, avec l’expédition des premiers chargements de minerai de fer vers la Chine. La cérémonie officielle de lancement s’est tenue le 11 novembre 2025, marquant l’entrée en production effective du site, après des années de retard, de négociations et d’investissements colossaux.

Ce projet d’envergure comprend une infrastructure intégrée : une voie ferrée de plus de 600 km reliant les blocs miniers à la côte, ainsi que des installations portuaires flambant neuves situées à Morebaya, aujourd’hui opérationnelles et permettant d’exporter le minerai vers le marché mondial.

Rio Tinto, l’un des principaux opérateurs du projet via la coentreprise SimFer, a déjà constitué un stock de près de 2 millions de tonnes de minerai de haute qualité en prévision des premières expéditions. Les prévisions pour l’année 2025 évoquent des exportations comprises entre 0,5 et 1 million de tonnes.

La Chine, fortement impliquée dans le projet à travers des partenaires tels que Baowu ou Chalco, est le premier pays destinataire de ce minerai, convoité pour son excellente teneur en fer — autour de 65 %, un avantage majeur pour la fabrication d’acier à moindre impact carbone.

Si la Guinée salue ce lancement comme un pilier de son plan de développement « Simandou 2040 », elle reste vigilante sur ses intérêts économiques. Conakry ambitionne d’utiliser ces revenus pour financer son industrialisation, ses infrastructures et ses services publics, tout en se positionnant comme un acteur stratégique sur le marché mondial du minerai de fer, où le pays espère valoriser ses parts au-delà du seul marché chinois, notamment en direction de l’Europe et du Moyen-Orient.

Mais cette avancée pose également des questions géopolitiques : l’entrée en production de Simandou, avec ses importantes réserves, pourrait à terme influencer les prix mondiaux du fer, voire bousculer les pays producteurs historiques comme l’Australie et le Brésil. Certains responsables guinéens craignent d’ailleurs que la forte présence chinoise dans le projet ne se traduise par une pression accrue sur les prix, dans un marché déjà extrêmement stratégique.

Alfred ZORO-BI

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