Le samedi 12 avril 2025, le Gabon a tourné une nouvelle page de son histoire politique en organisant sa première élection présidentielle depuis la chute du régime Bongo, survenue à la suite du coup d’État militaire d’août 2023. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la junte et président de la transition, a été élu président avec 90,35 % des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires publiés par le ministère de l’Intérieur. Ancien chef de la Garde républicaine et proche du défunt président Omar Bongo, Oligui Nguema s’est présenté comme un réformateur, engagé à restaurer la dignité du peuple gabonais. Cette élection, qualifiée d’historique, s’est déroulée avec un taux de participation élevé de 70,4 %, le plus fort depuis l’instauration du multipartisme en 1993. Toutefois, des voix discordantes se sont élevées, notamment celle de son principal adversaire, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie By Nze, qui a recueilli 3,02 % des voix et dénoncé un processus électoral biaisé, marqué selon lui par l’utilisation abusive des ressources de l’État et la mainmise persistante de l’armée sur le pouvoir. La campagne électorale s’est déroulée sous une nouvelle Constitution adoptée en novembre 2024, qui a non seulement permis à Oligui de se présenter, mais lui confère également des pouvoirs élargis, avec un mandat de sept ans renouvelables une fois. Cette réforme a suscité des inquiétudes quant à une éventuelle dérive autoritaire. Sur le terrain, des observateurs indépendants ont toutefois rapporté que près de 95 % des bureaux de vote ont fonctionné de manière satisfaisante et transparente. Sur le plan international, la communauté des États d’Afrique centrale et plusieurs partenaires bilatéraux ont salué la tenue du scrutin tout en appelant à la poursuite des réformes démocratiques. À présent, le président élu fait face à des attentes immenses : réformer les institutions, améliorer les services publics et impulser une croissance économique inclusive dans un pays riche en ressources naturelles mais où une grande partie de la population vit toujours dans la pauvreté.
Alfred ZORO-BI
