Il y a exactement 50 ans, le 28 mai 1975, quinze pays d’Afrique de l’Ouest signaient à Lagos, au Nigeria, le traité fondateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce moment historique concrétisait près d’une décennie de réflexions sur l’union économique régionale, une idée initialement portée par le président libérien William Tubman dès 1964. Ce dernier voyait dans l’intégration un moyen de renforcer les jeunes États africains face aux fragilités économiques et aux dépendances postcoloniales. Mais c’est surtout grâce à la détermination du général nigérian Yakubu Gowon et du président togolais Gnassingbé Eyadéma que le projet prend forme. Ensemble, ils relancent les négociations, convainquent les dirigeants de la région, et parviennent à sceller l’accord de Lagos avec quatorze autres chefs d’État. L’objectif affiché est ambitieux : bâtir un marché commun favorisant la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, et promouvoir un développement harmonisé entre les États membres. Depuis, la CEDEAO s’est affirmée comme un acteur central en Afrique de l’Ouest, non seulement sur le plan économique, mais aussi en matière de paix, de sécurité et de gouvernance démocratique. Elle a su mettre en place des institutions comme le Parlement régional ou la Cour de justice, et intervenir dans la résolution de crises politiques. Pourtant, cinquante ans plus tard, l’organisation est confrontée à des défis majeurs : instabilités politiques, terrorisme, tensions institutionnelles, et les départs récents du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui interrogent sur la cohésion régionale. À la croisée des chemins, la CEDEAO doit aujourd’hui renouer avec l’esprit de ses fondateurs pour refonder le pacte d’unité, renforcer son efficacité et répondre aux aspirations des peuples. L’avenir de l’Afrique de l’Ouest pourrait bien dépendre de sa capacité à réinventer cette solidarité régionale née il y a un demi-siècle.
Alfred ZORO-BI