La Coupe d’Afrique des nations Total Energies 2023 s’est tenue en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024.Nous avons au cours de cet événement qu’a vécu notre pays, eu l’occasion de tirer plusieurs leçons à divers niveaux.
En premier lieu, le parcours de notre équipe nationale est inspirant et évoque pour chacun de nous des valeurs de foi et de combativité. Le dernier des meilleurs troisièmes est devenu le Champion d’Afrique. Cette équipe au jeu approximatif, critiquée et moquée par tous, est allée jusqu’au bout et tous les favoris ont dû plier l’échine en face d’elle. Elle a gagné un seuI match de poule, elle n’a marqué que 2 buts pour 5 encaissés dans la première phase du tournoi. Malgré ce premier tableau sombre, les éléphants ont remporté cette joute continentale. La Côte d’Ivoire est montée sur le toit de l’Afrique pour la troisième fois de son histoire…Il ne faut jamais désespérer et se battre jusqu’au coup de sifflet final, voilà ce que les éléphants nous ont appris. Ils nous ont montré que l’humiliation et l’adversité n’arrêtent pas le destin. Il faut féliciter nos pachydermes et leur encadrement technique pour cet exploit historique réalisé à la force du mental et de la détermination.
Le cas d’Emerse Fae, parti pour être adjoint d’un entraîneur plus âgé que la Côte d’Ivoire indépendante ( j’emprunte cette image à mon confrère Rach N’Guessan Kouassi), est lui aussi une interpellation. Les responsables de la FIF n’ont pas voulu donner sa chance à cet homme, le sort, Dieu, les y a contraints. Affolée après la démission de Gasset, l’équipe d’Idriss Diallo, sans doute mue par ce complexe d’infériorité face aux techniciens occidentaux, s’est empressée de solliciter nos éternels sauveurs car trop incapables nous étions …Quelle honte! Point de Renard dans la tanière Ivoire, il a fallu faire avec le petit Wê de Facobli…En fin de compte le scénario divin a connu l’épilogue prévu. Pourquoi aller toujours chercher ailleurs ce que l’on a près de soi ? Jean Louis Gasset aura, c’est vrai, le mérite d’avoir constitué un bon groupe mais il était payé pour faire jouer ces talents ensemble avec efficacité et il y a échoué. Nous apprendrons désormais qu’il y a des compétences locales capables de faire mieux que ces expatriés aux contrats de mercenaires rétribués à prix d’or.
Le cas de Monsieur Yacine Idriss Diallo est lui aussi inspirant en la matière de ce qu’il ne faut pas faire. Cet homme qui a affirmé avec maladresse et arrogance qu’il n’avait pas été élu pour gagner la CAN et qui a tenté de justifier l’injustifiable en démontrant pourquoi il a préféré recruter le vieil entraîneur au Curriculum vitæ plat (parcours sans aucun haut fait) plutôt que des compétences locales, s’est mis à dos de nombreux Ivoiriens. M. Idriss Diallo a dit qu’il assumait son choix mais quand les faits lui ont donné tort le courage de démissionner lui a manqué. Même quand on est à la tête d’une faîtière qui regroupe des structures privées, lorsqu’on utilise de l’argent public pour payer à prix d’or un choix contesté, il faut éviter de se montrer imbu de soi-même et de manquer de respect à ceux qui payent les impôts et qui remplissent les stades. La démission n’étant pas une tradition ivoirienne, espérons au moins qu’il trouvera en lui les ressources de présenter des excuses publiques aux ivoiriens qu’il a blessé par ses propos et par son attitude.
Sur le plan de l’organisation de cette CAN qui fut clairement une grande réussite, il y a également un enseignement à tirer. L ‘on s’en souvient encore, le grand stade d’Ebimpe avait montré de grandes insuffisances à quelques mois de cette compétition. On a encore en tête les images de ces volontaires tentant d’essorer des serpillères pour réanimer la pelouse qui venait de boire la tasse. C’était un spectacle burlesque. Quelques temps après un nouveau Premier Ministre, un nouveau Ministre des sports et un autre responsable de l’Office national des sports sont nommés, toute la ligne de l’organisation de la CAN a été brisée. La leçon à tirer est que lorsque ça ne va plus, il faut se séparer de certaines personnes, même s’il s’agit d’amis de très longue date… Félicitations au Président Alassane Ouattara car qu’on aime l’homme ou pas, il faut reconnaître que le crédit de cette belle organisation lui revient de droit.
Le dernier enseignement à tirer m’est inspiré par le courage et la solidarité du peuple ivoirien, toutes tendances politiques, religieuses et ethnico-sociales confondues. Les Ivoiriens ont oublié toutes leurs dissensions et se sont unis comme un seul homme derrière cette équipe. Les épisodes d’humiliations, de peines et de douleurs ont été vécus ensemble par tous main dans la main, toujours avec ce brin caractéristique d’humour et d’autodérision qui nous unit culturellement au-delà de nos différences. Les Ivoiriens sont unis, les Ivoiriens s’aiment, les ivoiriens aiment leur pays, il n’y a que les politiques qui cherchent à les diviser : voilà la leçon à tirer à ce niveau.
Cette CAN, la plus belle de tous les temps, aura été suivie par plus d’un milliard de personnes dans 80 pays du monde. Cette exposition médiatique sera certainement convertie en gain touristique et économique sous différentes formes ; c’est pour cela qu’on organise une telle compétition… Le monde a découvert encore mieux ce beau pays et ce peuple particulier, hospitalier et inspiré. Tirons, chacun à son niveau, toutes les leçons de ce moment particulier que nous avons vécu et nous pourrons donner un nouveau « coup du marteau » à la planète footballistique africaine pendant la CAN marocaine de 2025.
Joel AGOLI
Journaliste, écrivain
Directeur de publication de infolucide.net