Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) traverse l’une des plus graves crises de son histoire récente. Le 11 mai 2025, Tidjane Thiam a annoncé sa décision de remettre son mandat de président du parti, évoquant un harcèlement judiciaire orchestré contre lui et contre le parti. L’annonce a été relayée officiellement par une déclaration du président par intérim, Ernest N’Koumo Mobio, doyen d’âge des vice-présidents, conformément aux statuts du PDCI-RDA.
Dans cette déclaration, Ernest N’Koumo Mobio a pris acte de cette décision lourde de conséquences, affirmant ne pas pouvoir « se dérober à l’appel du devoir ». Il a ainsi accepté « avec responsabilité » la charge qui lui incombe et a lancé un appel solennel à la cohésion, à la sérénité et à la discipline, afin de préserver l’unité du parti et sauvegarder l’héritage des Pères Fondateurs.
Cette démission survient dans un contexte politique déjà tendu. Depuis plusieurs mois, Tidjane Thiam faisait face à des critiques internes virulentes. Le 19 février dernier, Valérie Yapo, alors déléguée communale à Akoupé, avait appelé publiquement à sa démission, dénonçant une gouvernance unilatérale et une double nationalité jugée incompatible avec les ambitions présidentielles du PDCI.
En réponse, Tidjane Thiam avait annoncé avoir renoncé à sa nationalité française, espérant ainsi lever les obstacles constitutionnels à sa candidature pour la présidentielle d’octobre 2025. Il avait par ailleurs dénoncé des entraves juridiques à son engagement, qu’il qualifiait de tentatives d’éviction orchestrées en dehors du cadre démocratique.
Mais les pressions internes ne se sont pas atténuées. Des militants ont enclenché une procédure de destitution qui a exacerbé les tensions. Les vice-présidents du parti ont dénoncé un complot contre la direction du PDCI, accusant certains cadres de vouloir liquider politiquement le parti doyen.
Dans ce climat délétère, la décision de Tidjane Thiam de se retirer sonne comme une tentative de préserver l’unité du parti à l’approche d’échéances électorales capitales. La convocation d’une session extraordinaire du Bureau politique le 12 mai 2025 à Cocody devra tirer toutes les conséquences de cette situation. L’avenir du PDCI-RDA se joue désormais dans sa capacité à surmonter cette crise et à reconstruire autour de valeurs de dialogue, de discipline et d’unité.
Le départ de Tidjane Thiam marque une nouvelle ère pour le PDCI-RDA, à la croisée des chemins entre héritage historique et impératif de renouveau. Le parti est plus que jamais attendu au tournant.
Alfred ZORO-BI