MAROC – VAGUE DE POURSUITES CONTRE DES DÉPUTÉS POUR CORRUPTION ET DÉTOURNEMENTS

Au Maroc, une vague inédite de poursuites judiciaires vise actuellement 34 députés, issus aussi bien de la majorité que de l’opposition, pour des faits de corruption, détournement de deniers publics, abus de pouvoir, falsification de documents, enrichissement illicite ou fraude dans les marchés publics. Parmi eux, 16 appartiennent à la majorité – principalement au Rassemblement national des indépendants (RNI), suivi du Parti Authenticité et Modernité (PAM) et de l’Istiqlal – et 18 relèvent de l’opposition et d’autres partis. Le RNI détient le record avec huit élus mis en cause, dont certains ont déjà été condamnés : Mohamed Boudrika (Mers Sultan) à cinq ans de prison ferme, Abderrahim Ouaslam (Rabat-Océan) à huit mois avec sursis et 100 000 dirhams d’amende pour chèques sans provision, ou encore Rachid El Fayek (Fès) à cinq ans ferme pour traite d’êtres humains et viol. D’autres affaires notoires concernent Mohamed Hidawi (revente illégale de billets), Mustapha Toutou (exploitation minière illégale) ou Younes Benslimane (détournement de fonds publics), tandis que Mohamed Simo (Ksar El-Kebir) a été acquitté malgré des soupçons d’irrégularités. Le PAM compte au moins quatre députés poursuivis, dont Saïd Naciri, impliqué dans le dossier du « Pablo Escobar du Sahara ». Côté opposition, des élus comme Mohamed Aberchane, surnommé « l’empereur de Nador », ont écopé de cinq ans ferme pour faux, corruption et délivrance illégale d’autorisations. Face à cette série de scandales, le roi Mohammed VI a appelé à moraliser la vie politique, plaidant pour un code de déontologie parlementaire juridiquement contraignant. Cette intensification des actions judiciaires est perçue par de nombreux observateurs comme une avancée dans la lutte contre l’impunité et un signal fort envoyé aux élites politiques, susceptible de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions.

Alfred ZORO-BI

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