Ce mercredi 05 mai 2024 dans la soirée, le terrain omnisport de la Cité Esculape du Plateau a refusé du monde lors d’un point de presse organisé à l’initiative de Yéboué Angoua Yéboué, doyen d’âge des populations et président du Comité des sages du Plateau, pour signifier l’indignation des résidents de la cité des affaires quant au débat qui enfle sur la question de la suppression de la commune du Plateau.
Réunis à travers leurs associations, les résidents du Plateau ont tenu à exprimer leur position ferme contre la suppression de leur commune. Dans une déclaration commune lue par Yéboué Angoua Yéboué, ils ont rappelé les critères légaux fondant l’existence d’une collectivité territoriale telle que la commune du Plateau, mettant en avant son importance démographique, son niveau d’infrastructure et d’équipement, ainsi que son potentiel économique et financier. Les habitants ont également dénoncé les propos du Ministre Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, considérant ses commentaires sur les élections locales de 2023 comme une tentative de délégitimer leur choix démocratique. Enfin, les populations ont souligné les actions positives entreprises par le maire EHOUO Jacques Gabriel, pour le développement de la commune, tout en exprimant leur inquiétude quant à l’impact de ces déclarations sur la cohésion sociale et le processus démocratique à venir.
Ci-dessous l’intégralité de leur déclaration :
« Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Nous avons assisté ces derniers jours à la sortie hasardeuse d’un libre penseur, dont les réflexions semblaient porter sur la remise en cause de l’existence de la commune du Plateau.
Le premier pan de notre intervention, va consister à présenter les éléments qui fondent l’existence d’une commune ou d’une collectivité.
En effet, l’article 8 de la loi N° 2012-1128 du 13 décembre 2012 portant organisation des collectivités territoriales, livre les critères à considérer pour qu’une collectivité territoriale soit créée. Ces critères sont :
1- Le Poids démographique :
La commune du Plateau abrite une population estimée à 7 186 habitants tel que livré par le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2021.
2- Le niveau d’infrastructure et d’équipement ;
La commune du Plateau est l’une des communes d’Abidjan, qui rassemble la majeure partie des activités administratives et commerciales. Les plus grandes firmes ivoiriennes et étrangères ont leur siège social dans cette commune.
On y trouve les institutions de la république telles que la Présidence de la République, l’Assemblée Nationale, la Cour Constitutionnelle, le Conseil Economique, Social, Environnemental et culturel, et les édifices religieux que sont la cathédrale Saint Paul, la mosquée Salam ; Nous y avons également le stade Félix Houphouët Boigny et des infrastructures et équipements ferroviaires.
3- L’existence réelle d’une cohésion sociale ;
La commune du Plateau abrite une population composite dont la proximité des uns avec les autres a fait naitre une véritable cohésion sociale, qui assure sa stabilité et garanti une paix durable.
4- Le potentiel économique et financier ;
Le potentiel économique et financier de la commune du Plateau fait d’elle le centre administratif, commerciale et financier de la Côte d’Ivoire, qui occupe une place importante dans l’Afrique de l’Ouest.
5- L’étendue et le nombre de localités devant composer l’entité décentralisée à créer.
Le Plateau c’est un territoire d’une superficie de 3,945 km², qui rapporté à sa population donne un ratio de 1 822 habitants par km². Nous y comptons 18 quartiers.
Mesdames et Messieurs,
Il ressort de notre première analyse que la commune du Plateau depuis toujours, ou du moins depuis sa création satisfait aux critères légaux qui font d’elle une collectivité territoriale à part entière.
D’où son droit à l’existence entant qu’entité décentralisé de plein exercice, jouissant d’une personnalité morale et d’une autonomie financière.
Le deuxième volet de notre intervention voudrait s’attarder sur un pan des affirmations non fondées du Ministre Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, relativement à sa déclaration lors de la conférence de presse qu’il a animée en avril 2024, et je cite :
« …ce n’est pas normale qu’on aille prendre des mercenaires dans d’autres villes, dans d’autres communes pour venir élire le Maire d’une commune, qui après son élection, à la limite n’a absolument rien, je dis bien n’a absolument rien à devoir aux 7 000 habitants qui sont dans sa commune, puisque les 7000 ne l’ont pas voté… »
Ces allégations incongrues d’une extrême gravité semblent jeter le discrédit sur l’expression démocratique d’une population qui, suite à l’organisation des municipales du 02 septembre 2023, a exprimée dans sa grande majorité sa volonté de voire à la Magistrature de la commune du Plateau l’honorable EHOUO Jacques Gabriel, pour un deuxième mandat.
Il est aussi bon de préciser que cette même population a porté son choix sur la personne de monsieur EHOUO Jacques Gabriel, en 2016 et en 2021, en tant que Député de la nation.
Nous résidents de la commune du Plateau comprenons maintenant pourquoi les réflexions d’un libre penseur semblent se muer en déclaration soutenue et promulguée par monsieur le nouveau Ministre Gouverneur du District d’Abidjan.
En effet, monsieur Ibrahim Cissé BACONGO, en tournée pour le compte de son parti politique dans les centres d’enrôlement du District Autonome d’Abidjan, à l’occasion du dernier Renouvellement du Listing Electoral affirma, à l’étape du centre d’enrôlement ‘‘AMON D’Aby Catherine’’ de la commune du Plateau, qu’il mettrait tout en œuvre pour que le RHDP remporte les élections locales 2023, afin d’offrir la commune du Plateau en présent au Président de la République de Côte d’Ivoire.
Cependant, ce projet n’ayant pas trouvé écho favorable auprès des électeurs du Plateau, malgré les péripéties et les divers blocages qui ont pu être observés par tous à l’occasion du récent scrutin municipal au Plateau, le sieur BACONGO auréolé de son nouveau titre de ministre Gouverneur du district voudrait mettre ses propos d’alors en exécution, au mépris des populations du Plateau, au mépris du processus démocratique et au mépris des règles préétablies du fonctionnement de l’Etat de Côte d’Ivoire.
En outre, l’évocation du soi-disant nombre élevé d’électeurs lors des joutes électorales est un épiphénomène qui est commun à certaines communes de la Côte d’Ivoire. Cela s’explique par le fait que pour des raisons diverses (professionnelle, familiales…) certains électeurs choisissent librement d’exercer leur droit de vote dans la localité où ils passent le clair de leur temps, qui n’est pas forcément le lieu de résidence habituelle.
C’est un fait qui a cours depuis belle lurette. Par exemple, lors de la présidentielle de 2015, l’élection du Président de la République avait enregistré, au niveau de la commune du Plateau, 15 822 suffrages exprimés, dont 11 690 votes pour le Président Alassane OUATTARA, candidat du RHDP ;
Et en 2020, nous avons enregistré pour le même exercice démocratique, malgré la non-participation des partis politiques majeurs de l’opposition, un total de 43 715 votants, dont 34 689 votes pour le RHDP. Alors qu’à cette époque l’effectif total de la population du Plateau était inférieur à 7 186 habitants.
Est-ce à dire que cette réalité similaire aux municipales, dont les données procèdent d’élections officielles jurent-elle avec la démocratie ?
Devons-nous soutenir, comme l’affirme monsieur le Ministre Gouverneur que cette réalité similaire aux municipales, dont les données procèdent d’élections officielles jurent avec la démocratie.
Mesdames et Messieurs,
C’est le lieu de rappeler, en tant que doyen d’âge et témoins oculaire de l’existence de la commune du Plateau, que depuis le décret de communalisation de 1980 (transformant les quartiers de la ville d’Abidjan en collectivité) les maires qui se sont succédés à la tête de cette commune ont tous établis des rapports de bon aloi avec leurs administrés, qui a abouti à la création du label ‘‘Plateau’’, à l’instar de certaines communes à travers le monde.
C’est donc à tort que l’on s’émeut de l’évolution croissante du budget de la commune du Plateau ; qui est une donnée normale puisque tout budget communal répond aux ambitions que l’autorité municipale nourri pour sa population.
Ainsi, de cette époque à aujourd’hui, nous avons assisté à l’évolution du budget de la commune du plateau, qui est passé de 4 milliards à 8 milliards sous monsieur AKOSSI Bendjo Noël.
Aujourd’hui, le budget de la commune qui se chiffre à environ 14 milliards, traduit l’excellence de la gestion du nouveau conseil municipal avec à sa tête l’honorable Député-Maire, monsieur EHOUO Jacques Gabriel, dont l’ambition est de faire de la commune du Plateau (anciennement perle des lagunes) une cité smart, qui épouse la vision du développement harmonieux de nos cités, que le Président de la république appelle de tous ses vœux.
Aussi, depuis son accession à la magistrature de la commune du Plateau, monsieur EHOUO Jacques Gabriel, s’est-il inscrit dans le développement durable par des actions sociales, économiques et éducatives au centre desquelles il met l’humain.
En d’autres termes, lui et son conseil municipal contribuent depuis 5 ans au bonheur et au bien-être des populations de notre commune. Nous voulons pour preuve :
I – Au niveau de l’éducation :
– La contribution significative à l’amélioration des conditions de travail et de l’environnement des établissements primaires et scolaires de la commune ;
– La mise à disposition des outils du savoir à tous les élèves en classe d’examen ;
– La promotion de l’excellence par l’instauration d’un prix d’excellence ;
– La mise à disposition des bourses d’études pour soutenir la formation et la formation continue
II – Au niveau du social :
– Le soutien des personnes du 3ème âge par un suivi régulier de leur état de santé et l’apport en médicaments pour les personnes souffrantes de maladies métaboliques ;
– Le projet de l’opération immobilière dénommée : « un agent, un toit. » ;
– La mise à disposition chaque trimestre de kits en vivre et non vivre aux personnes du 3ème âge et aux retraités de la commune ;
– L’octroi d’une allocation familiale à chaque famille identifiée de la commune ;
– La création d’infrastructure sportive
III – Au niveau économique :
– La mise en place d’un fonds pour le financement des promoteurs issus de la commune ;
– La création d’une Direction dédiée à la formation et à l’insertion socio-professionnelle de la jeunesse
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs,
La commune du Plateau, c’est également la gestion annuelle de l’état civil d’environ 1 500 000 usagers, et accueille 2 500 000 personnes qui viennent vaquer quotidiennement à leur occupation.
La commune du Plateau, est aussi le ressort territorial qui abrite les sièges sociaux de certaines diplomaties et des grandes institutions de la république, dont le District Autonome d’Abidjan.
De même, nous voulons faire observer à monsieur le néo Ministre Gouverneur, dont la nomination semble l’avoir surpris, que plusieurs gouverneurs se sont succédés à ce poste. Nous pouvons citer :
- M. Robert Beugré MANBE, de 2011 à décembre 2023 ;
- M. Pierre Djedji AMONDJI, de 2001 à 2011 ;
- M. Ernest N’koumo MOBIO, de 1985 à 2001 (ville d’Abidjan) ;
- M. Emmanuel DIOULO, de 1980 à 1985(ville d’Abidjan) ;
- M. Antoine Konan KANGA, de 1960 à 1980 ( ville d’Abidjan) ;
Il est à arguer que toutes ces éminentes personnalités que nous venons de citer ont toujours eu dans leur gestion, de très bons rapports avec les populations du Plateau.
En outre, il est à souligner que la posture actuelle de monsieur le Ministre Gouverneur qui s’inscrit à contrario de ses prédécesseurs laisse entrevoir l’amplification d’une situation inédite dans les rapports entre la paisible population de la commune et le District d’Abidjan.
C’est le lieu d’interpeler monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire, la communauté internationale, les chancelleries et l’opinion nationale et internationale sur le danger que fait courir monsieur le Ministre Gouverneur dans cette posture de soutien à un libre penseur, dont les élucubrations pourraient faire naitre un sentiment généralisé de ressentis, qui mettrait à mal la cohésion sociale et pourrait donner à s’interroger sur le processus électoral à venir. »