Le siège en construction de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), la principale organisation estudiantine du pays, a été démoli par les forces publiques le samedi 5 octobre 2024 à l’université Félix Houphouët Boigny, située à Cocody, dans l’est d’Abidjan. Cette action s’inscrit dans une série d’interventions visant à démanteler les installations jugées « illégales » sur le campus universitaire, dans un effort apparent de rétablir l’ordre sur ce site emblématique de l’éducation en Côte d’Ivoire.
La démolition du siège de la FESCI intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par la mort récente d’Agui Mars Aubin Déagoué, étudiant en Master 2, âgé de 49 ans et membre actif de la FESCI. Ce dernier avait été retrouvé sans vie le 30 septembre 2024 à Abidjan, suscitant une vive émotion et des spéculations sur les circonstances de son décès. À la suite de cette tragédie, six membres de la FESCI, dont son secrétaire général Kambou Sié, ont été arrêtés par les autorités policières dans le cadre de l’enquête en cours.
Cette situation a également conduit le gouvernement ivoirien à prendre des mesures drastiques contre les activités des associations syndicales estudiantines sur l’ensemble du territoire national, une décision qui vise spécifiquement la FESCI, souvent perçue comme une organisation contestataire et influente au sein des milieux universitaires. Le gouvernement a justifié ces décisions en invoquant des raisons de sécurité et de maintien de l’ordre public.
Par ailleurs, les autorités académiques ont exigé que tous les occupants illégaux des cités universitaires libèrent les lieux, sous peine d’être évacués par la force publique. Cette décision s’ajoute à la série de réformes entamées pour moderniser et sécuriser les infrastructures universitaires, après plusieurs années de plaintes sur la gestion des résidences et l’occupation anarchique de certains espaces sur les campus.
Les mesures prises à l’encontre de la FESCI et l’interdiction de ses activités ont suscité de vives réactions dans l’opinion publique. Certains voient dans ces actions une tentative de briser l’influence de cette puissante organisation estudiantine, qui a souvent joué un rôle clé dans la contestation politique et sociale du pays depuis les années 1990. D’autres, en revanche, estiment que ces initiatives visent à renforcer la sécurité sur les campus et à protéger les étudiants des actes de violence et d’intimidation qui ont souvent entaché la réputation de la FESCI.
L’avenir de la FESCI et de ses membres reste incertain, d’autant plus que l’organisation avait longtemps incarné la voix des étudiants face aux autorités gouvernementales et académiques. La démolition de son siège symbolise une rupture dans les relations tendues entre cette association et le gouvernement, ouvrant une nouvelle ère pour les mouvements syndicaux dans le milieu estudiantin en Côte d’Ivoire.
Alfred ZORO-BI